Compte-rendu de l’AG du 3 février 2020

Personnes présentes : Jacques Stibler, Ly Lan Magnaux, Simone Endevelt, Jean-Claude Durand, Eloi Recoing, Eric Louis, Madeleine Ferrand, Georges Goubert, Cécile Burle, François-noël Bing, Monique Le Roux, Anne-Marie Métellus, Sonia Gavory, Andrée Bau- dron, Jeanne et Marie Vitez

Jeanne a commencé cette réunion en rappelant le décès d’Edith Scob au mois de juin 2019, cette si belle et rare comédienne, épouse de notre ami Georges Aperghis. Puis Marie a évoqué le décès de Blaise Recoing « notre presque frère », en octobre dernier dont elle a lu un très beau poème de jeunesse intitulé « Vivre ».

Ensuite a été annoncée la bonne nouvelle, surprise promise dans la convocation : le DVD du Soulier de satin va enfin pouvoir être édité ! La sortie est prévue pour juillet 2020. Le DVD comportera outre la captation « nettoyée » des bonus divers : interviews d’Antoine Vitez, de Yannis Kokkos, Ludmila Mikaël, et autres extraits d’émission. Jeanne est sollici- tée pour écrire la préface du livret. Après rendez-vous à l’INA (légèrement postérieur à l’AG), elle sera accompagnée par Eloi Recoing qui écrira lui aussi une seconde préface, ou du moins exposera un autre point de vue sur le spectacle et le travail. La sortie ayant lieu en juillet au moment du festival d’Avignon, il est prévu un événement à cette occasion à la maison Jean Vilar. Nous en ignorons actuellement la date.

Ensuite Jeanne a évoqué les dernières projections publiques de la captation du Soulier de satin, à Lamelouze dans le Gard en août 2019 et au conservatoire du 12e arrondissement de Paris en octobre 2019. Elle a fait à nouveau part aussi de son désappointement à propos des manifestations sur Antoine Vitez qui ont eu lieu au Théâtre des Déchargeurs la saison dernière. Le manque de visibilité sur l’exposition des photographies surtout, et la commu- nication peut-être trop réduite autour des différentes lectures, n’ont pas permis de dépas- ser un cadre trop étroit, de créer du lien, ni de déboucher sur d’autres projets. Ça n’a sans doute d’ailleurs pas non plus « servi » aux Déchargeurs au vu de la confidentialité de tout cela. Nous avions espéré, en ajoutant quelques dessins d’Antoine aux photographies, que ces manifestations pourraient nous aider à monter un projet d’exposition de l’œuvre gra- phique d’Antoine Vitez, ça n’a pas été le cas. Le projet reste pour le moment dans nos ti- roirs à rêves… Dommage peut-être, mais il n’est pas dit que les rêves sont inutiles. Une partie de l’expo-photo a été envoyée à l’Espace Bernard-Marie Koltès à Metz (en partena- riat avec les Déchargeurs) mais n’a eu aucune retombée non plus.

De même Marie a fait part de sa déception devant le manque criant de public à Anis Gras en mai 2019 qui devait prolonger la belle soirée du 21 janvier 2019 à l’Odéon. Manque de communication aussi sans doute de notre part, mais tout de même la question est posée de la place d’Antoine Vitez en ces temps-ci et de son retentissement.

Car malgré tout il faut noter, et saluer, toutes ces initiatives : lectures poétiques et autres, ateliers, expositions et débats qui n’ont sans doute pas déplacé les foules mais dont la qualité était indiscutablement de haut niveau. Si les spectateurs et participants furent trop rares ils étaient en revanche tous très émus, touchés et heureux d’être là.

Ces problèmes de communication font dire à Cécile Burle-Vilhon qu’il faudrait ouvrir un blog par exemple mais la proposition reste en suspens car personne ne se sent capable de s’en charger.

Marie reparlant donc du grand succès de la soirée de l’Odéon et notamment de la presta- tion des élèves participant au projet d’Eric Louis, lui a passé la parole : il nous a dit que son travail continue autour de ces interviews des anciens élèves de la dernière promotion

de l’Ecole de Chaillot, avec des élèves de l’ERACM toujours, et depuis quelque temps de l’ENSATT. Le projet aboutira à un spectacle cet été.

Autre bonne nouvelle : l’IMEC sera présent cet été à Avignon avec des interventions prépa- rées par Nathalie Léger. La forme de ces interventions ne nous est pas encore connue.

Ces interventions, et celle de l’INA autour du Soulier de satin marqueront une présence d’Antoine Vitez au festival cet été pour les 30 ans de sa disparition, c’est important.

Par ailleurs la projection à Lamelouze a amené Marie et Jeanne à rencontrer Denis Lanoy, directeur du Triptyk Théâtre de Nîmes. Il leur a demandé de concevoir une soirée de lec- ture qui aura lieu le 2 avril 2020 à Nîmes. Elles liront donc des textes d’Antoine, plutôt po- litiques, choisis dans les poèmes et les textes théoriques ainsi que quelques textes d’Ara- gon, de Ritsos et de Jack Ralite. Rendez-vous à Nîmes si vous êtes dans les parages !

Tout le monde s’est accordé à déplorer l’absence ou quasi-absence d’ouvrages d’Antoine Vitez ou autour d’Antoine Vitez dans les lieux appropriés (librairies et plus précisément les librairies des théâtres), absence sans doute due à un désir de coller à l’actualité immé- diate des auteurs exposés. Nous restons néanmoins sur notre faim pour cette explication… mais quid ? Par ailleurs Eloi Recoing et Jean-Claude Durand font remarquer que Vitez reste très présent en tant que metteur en scène, pédagogue, traducteur dans les différents cours ou séminaires de chacun – la transmission se fait, Eloi organise à Paris III un sémi- naire sur la traduction.

A ce propos, Jeanne rappelle qu’une traduction du volume « L’Ecole » en russe est toujours en cours, elle nous donnera des nouvelles dès que possible.

Marie profite de tout cela pour ajouter qu’il faudrait demander aux maisons d’édition qu’elles rééditent certains ouvrages, entre autres Conversations avec Antoine Vitez, d’Emile Copfermann édité chez POL, actuellement épuisé.

Nous savons que vous continuez, vous, adhérents de l’association, amis, anciens élèves, acteurs, spectateurs, à transmettre la pensée d’Antoine autour de vous et nous vous en remercions. Aujourd’hui, pour cette année d’anniversaire, nous vous demandons si, à l’oc- casion de vos sorties théâtrales, de vos travaux, sorties littéraires, achats en librairie… vous pouvez regarder si les écrits d’Antoine Vitez sont présents, et si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à le signaler, cela nous aidera. Merci d’avance.

Ensuite Marie a parlé du livre de Brigitte Joinnault sorti en 2019 : La mise en scène des textes non-dramatiques (éditions Entretemps). Sont sortis aussi le petit livre de Monique Vaugenot-Deichtmann : Une saison avec Antoine (éditions Jérôme Do Benztinger) et tout dernièrement le livre de Marie Etienne : Antoine Vitez et la poésie. La part cachée (édi- tions Le castor Astral) – à noter un excellent article sur ce livre dans la revue en ligne : En attendant Nadeau.

Pour terminer Jeanne et Marie font part de leur lassitude à s’occuper depuis si longtemps de l’Association seules la plupart du temps et surtout sans argent ni reconnaissance des institutions (le Ministère de la Culture depuis 30 ans ne s’est jamais intéressé aux manifes- tations de l’Association et n’a jamais rien aidé ni subventionné(sauf la première année)). Décision est prise de la mettre un peu en repos – ce qui a été fait a été bien fait, il est temps de transmettre, ce qui d’ailleurs se fait déjà comme nous l’avons dit ! Cette éner- gie depuis tant d’années à s’occuper de tout cela n’est pas regrettable du tout mais c’est considérable voire parfois, devant le peu de retombées, un peu humiliant. Nous souhaitons donc passer le relais, mais nous restons évidemment à l’écoute, l’Association peut rester un lieu d’échanges et doit rester un endroit convivial et chaleureux.

Les cotisations restent donc inchangées pour cette année 2020 et pourront servir à payer ou rembourser des menues actions dans l’année, à Avignon par exemple, et à soutenir des actions engagées par certains adhérents. Nous verrons dans l’avenir, et selon les projets qui émergeront, ou pas, si nous maintenons ce niveau de cotisations, ou si nous les rédui- sons ou supprimons. Les comptes sont à l’équilibre mais très réduits !

L’assemblée générale s’est terminée par un pot convivial.

AAAV

Pour notre ami Jack Ralite :

Dans les chagrins et les malheurs lire de la poésie – elle soutient et accompagne. 
Jack Ralite aimait Philippe Jaccottet . Nous vous envoyons ceci :
 
« Qu’il soit dans l’angle de la chambre. Qu’il mesure comme il l’a fait longtemps les lignes que j’assemble, interrogeant, me rappelant sa fin. Que sa droiture garde ma main d’errer si elle tremble. »
 
Et aussi, cette photo prise par Antoine Vitez et le texte que Jack avait écrit en regard de la photo en question, lors de l’exposition de 2010, il dit mieux que nous le lien d’amitié qui le liait si profondément à Antoine.
Bien à vous, et à lui.
Agnès, Jeanne et Marie Vitez
img015.jpeg
 
Cette photo est pour moi une photographie mémoire de trois manières. D’abord elle a été prise par Antoine en juillet 89 à « La Nogarède », cette ferme protestante au fond d’une vallée cévenole où, chaque été, en famille, il se retirait et où je venais régulièrement passer quelques moments. C’était Antoine intime. Ensuite, il l’a prise alors que m’accompagnait une comédienne chilienne, Gloria Canales, rencontrée à Santiago l’année précédente pour « Chile Crea », manifestation culturelle inoubliable par ses dimensions que la dictature de Pinochet n’avait pu interdire. Antoine fit d’elle une très belle série de portraits. C’était Antoine tendre. 
Enfin, quarante et un ans plus tôt, à Vienne, en Autriche, un dessinateur, Harold Reitterer, croqua mon visage et, chose étonnante, la photo faite par Antoine et le dessin tracé par l’artiste autrichien se ressemblent au point de se recouvrir. C’était Antoine intuitif. Un frère. 
 Jack Ralite