Mon père attachait une importance particulière à la manière de dire, de parler les alexandrins, au rythme, à la rime, aux respirations, autant qu’à la voix des acteurs, leur timbre, leur accent.
Cette façon d’entendre la langue, qui dépassait d’ailleurs le cadre du théâtre, et même de la langue française (il était polyglotte lui-même) faisait que son travail chargeait d’une émotion particulière la musicalité des alexandrins, lui donnait un sens propre.
J’ai travaillé sur mon souvenir, écrit des brides de textes qui me revenaient, retrouvé les souvenirs périphériques, intimes, les souvenirs d’émotions adolescentes éprouvées à l’époque…
J’avais quinze ans quand j’ai eu cette chance de voir et revoir, entendre et écouter, de près, de loin, ce spectacle monté par mon père.
J’aime ce mot « impression ».
Le souvenir c’est la trace, ce qui reste, ce qu’il en reste… après, quand c’est fini.
Comme la lumière impressionne le papier photographique, « Phèdre » m’a impressionnée. Impression, empreinte, pression, gravure, photo, la voix se grave dans la mémoire, l’enregistrement sur bande magnétique, le disque, pressé, gravé.
Échange entre deux femmes, l’une instruisant, nourrissant l’autre, Œnone et Phèdre. Il n’y a pas d’hommes, ils ne sont plus là. » Thésée est mort madame, et vous seule en doutez. »
Fantômes, on peut entendre leurs voix.
au Théâtre des Quartiers d’Ivry
Thésée : Antoine Vitez
Phédre : Nada Strancar
Hippolyte : Richard Fontana
Aricie : Jeanne Vitez
Théramène : Murray Grönwall
Œnone : Christine Gagnieux
Ismène : Angela Sonnet
Panope : Annick Nozati