L’association des amis d’Antoine Vitez et nous-mêmes, Agnès, Jeanne et Marie Vitez, vous informons avec tristesse de la mort de notre ami Salah Teskouk, décédé le vendredi 29 mars 2013 à l’hôpital Tenon à Paris.
Salah Teskouk est né à Paris en 1935, fils du premier muezzin de la Mosquée de Paris. Sa taille et sa souplesse le prédestinaient naturellement à la danse, il s’y consacrera jusqu’au déclenchement du 1er novembre 1954. Mais il dira : «Je ne peux pas danser pendant que les gens crèvent. J’étais plus que sympathisant de la libération de l’Algérie.». Comme il ne pouvait pas dissocier l’art de la politique, il se tourne vers le théâtre. Il s’inscrit aux cours privés du «Petit Marigny» où il rencontre Jean-Marie Serreau qui le premier lui donnera sa chance, puis il intègre, à Tunis, la troupe théâtrale du FLN, dirigée par Mustapha Kateb et qui regroupait un certain nombre des comédiens de l’ancienne troupe du MTLD, obligée de cesser toute activité à Alger en 1956 .
Revenu en France, il est tour à tour comédien, assistant à la mise en scène, metteur en scène lui-même et il collabore avec des grands comme Antoine Vitez et Ariane Mnouchkine. Au cinéma, Alain Corneau lui donnera le «clap» décisif en le prenant sur le tournage de Fort Saganne, tiré du roman éponyme de Louis Gardel. Il tournera plus tard avec une certaine régularit plus d’une trentaine de longs métrages de fiction, notamment avec André Téchiné, Gérard Blain, Alexandre Arcady…
Salah et Antoine se rencontrent dans les années 1960 et un long compagnonnage a alors commencé.
Salah fut assistant à la mise en scène sur Electre de Sophocle (1966), Les Bains de Maïakovski (1967) où il était également, sur scène, Le Précepteur de Lenz (1970), Andromaque de Racine (1971)… Il fut également un des membres fondateurs du Théâtre des Quartiers d’Ivry en 1972, où il joua entre autres dans Mère Courage de Bertolt Brecht (1973). Il quitte le TQI en 1974, et fin 1975 il retourne en Algérie où il dirige une troupe de théâtre pour enfants. Revenu en France dans les années 80, il poursuit son travail de comédien, il fait du cinéma, travaille à nouveau avec Antoine (Entretien avec Saïd Hammadi…, de Tahar Ben Jelloun, mise en scène d’Antoine Vitez au Théâtre national de Chaillot-1983) puis avec, entre autres, Jean-Pierre Vincent, Didier Bezace… et il anime des ateliers d’expression théâtrale. Il participera pendant une longue période (entre 1983 et 2006), soutenu par ce qui s’appelait à l’époque Inter Service Migrants et par l’association Sésame, au projet interculturel den l’Ecole Vitruve (Paris 20 ème) où le théâtre tenait beaucoup de place et où il interviendra pour aider à la mise en scène des projets menés par les enfants (qui n’oublieront pas sa façon tout à lui de leur conter les facétieuses aventures de Djeha).
Ses choix de travail et de compagnonnages furent toujours engagés, ainsi que sa fidélité.
Nous perdons un grand ami, une belle personne, nous ne l’oublierons pas.