Antoine Vitez se disait parfois metteur en scène non-euclidien

Antoine Vitez se disait parfois metteur en scène non-euclidien. Non-euclidien, cela veut dire en gros : qui renverse ou relativise les lois supposées de notre perception de l’espace.

 » Si nous jouons d’autres codes que le code naturaliste, dit-il, ce n’est pas pour comparaître entre les géométries — Riemann, Euclide. Rien n’est le monde, on ne peut que l’appréhender pour le transformer. Tout mode d’appréhension du réel qui se donne pour le réel lui-même est frauduleux.  » [Écrits sur le théâtre 2, La Scène, p. 298]

Cette position dépasse la question de l’espace. Je tenterai donc d’en évoquer quelques aspects sur les points suivants :

d’abord l’espace vide, sans la scène

puis la scène (perspective, profondeur, limites, infini), les dimensions (l’échelle, le grand et le petit, l’horizontal et le vertical)

puis les objets (sans l’espace, dans l’espace), les agrès

enfin le jeu lui même (la « fiction zéro », le formalisme).

Pour Vitez, un coup de théâtre n’abolit jamais le hasard.

François Regnault