Antoine à Tokyo

En 1980, devant le vieux théâtre de Kyoto, le Minamiza, Antoine rencontra pour la première fois Patrick De Vos, spécialiste du kabuki, grand connaisseur de théâtre et actuellement maître de conférence à l’université de Tokyo. Antoine lui proposa d’aller prendre un café, ils bavardèrent deux heures, ce qui cella une amitié.

En septembre dernier, j’organisais mon voyage au Japon avec l’aide d’Anne Struve-Debeaux, professeur à l’université de Nagoya. Elle eut l’idée de proposer à Patrick De Vos que je fasse une intervention sur Antoine à Tokyo, ce que Patrick De Vos accepta tout de suite.

Le 15 novembre, donc, nous nous sommes retrouvés à l’université de Tokyo, en compagnie d’étudiants japonais passionnés de théâtre et parlant français, d’enseignants, de gens de théâtre et d’écrivains, français et japonais. Pendant trois heures, entre les projections de trois extraits de pièces (soigneusement choisis par Patrick De Vos : Don Juan, Le Soulier de Satin et la troisième Electre) nous avons échangé informations et points de vue sur Antoine, sur sa pédagogie surtout, puisque nous nous trouvions à l’université, nous avons évoqué son amour pour le théâtre japonais traditionnel, l’influence que celui-ci avait exercé sur son travail par le canal des formalistes russes, le désir qu’il avait de donner à Chaillot ce qu’il nommait les  » classiques des autres « . J’ai lu à l’auditoire les propos sur lesquels Antoine, en 1981 à Avignon, acheva la conférence de presse que je restitue dans mon livre* :  » Pour terminer je voudrais vous parler de mon projet de faire venir le kabuki. Et aussi de monter par exemple le nô, sans reconstituer l’ancien théâtre japonais, qui est inimitableŠ Ce que nous produirons ne sera pas le nô, ce sera différent, ce sera faux par conséquent, quelle importance ? Car le théâtre c’est cela  » Je crois que ce passage, que je ne donne par ici dans son entier, impressionna beaucoup.

Ainsi donc, Antoine, pour les dix ans de sa disparition, fut présent à Paris en juin 2000 mais aussi à Tokyo.

Marie Etienne

25 novembre 2000