L’énigme du théâtre, » faire de la recherche l’objet de la production et de cette recherche ainsi produite l’objet du rassemblement du public « , se pose toujours. Mais l’environnement est tout autre et pas seulement négativement. Car si nous sommes dans une période de mutations, de ruptures donc, qu’il peut y avoir régression, « retour au gîte », il peut y avoir élancement, refondations. Le théâtre y a sa part. Il s’oppose à l’agressivité malade, à la prise du pouvoir, à la totalité triomphante parce qu’il ne vit qu’en se remettant en jeu.
La contradiction, matière première et mode d’existence du théâtre et de la société, est cet élancement qui fait que rien ne sera jamais acquis car le sens est interminable.
« La pensée de l’interminable, dit Bernard Noël, est la base sur laquelle ne peut s’ériger aucun pouvoir parce qu’elle en abolit d’avance toutes les figures. Là, pas d’illusion, pas de salut, rien que la nudité d’une condition où chacun est rendu à sa responsabilité. »
Responsabilité, c’est un mot commun à Vilar et à Vitez, comme le théâtre une « folie nécessaire », comme être à la tête de grands théâtres, comme d’être pleinement citoyen, comme « le théâtre inscrit dans la cité », comme le refus de s’incliner devant qui que ce soit, comme l’éthique, l’autorité morale, comme la décision de toujours faire quoiqu’il arrive, agir, travailler, répondre. Ne pas dormir…
Jack Ralite